Les origines du RAKU
Les origines du RAKU
Le « Raku » est le fruit de la rencontre entre
un artisan et un lettré, d’une poterie paysanne et d’un rituel raffiné
étroitement lié à la philosophie Zen qui met l’accent sur la beauté de la
simplicité et du naturel. Dans le Japon du 16ème siècle, Chojiro, fils du
potier coréen Ameya,
fabrique des bols à riz dans la tradition de sa famille coréenne.
A
la même époque, le maître de thé Sen
No Rikyu élabore les règles de la cérémonie du thé. Il trouve dans
la production de Chojiro
un esprit et une simplicité appropriés à l’esprit Zen. Il commande alors à
l’artisan un bol qu’il a, dit-on, dessiné lui même.
Hideyoshi, dictateur militaire, sensible à l’art de thé
honora la mémoire de Chojiro
en accordant à son successeur Jokei
un sceau d’or porteur de l’idéogramme « Raku » qui signifie « aise, joie,
bonheur, sérénité ». Ainsi, la dynastie de potiers « Raku », forte de son titre
et de ses commandes officielles, se perpétue encore jusqu’à la 15ème génération
qui, de nos jours travaille encore à Kyoto.
La
cérémonie du thé au Japon (ou voie du thé), qui embrassait les pensées
philosophiques et religieuses derrière un rituel, de 1550 à 1850, était de loin
la plus importante influence de la culture japonaise. Les racines culturelles
et religieuses proviennent du Bouddhisme Zen. La simplicité et l’austérité du
Zen attirait la classe des Samouraïs qui rejetaient le faste de la cour
impériale. Dans les temples Bouddhistes de Chine, le fait de boire le thé était
considéré par les moines comme une aide à la méditation. Pendant tout le 15ème
siècle, le Zen s’étendit très largement à travers tout le Japon et la cérémonie
du thé commença à avoir une réelle influence avec la construction de la
première maison de thé, par le «Shogun» (dictateur militaire) Yoshimasa. Le rôle du «maître de thé était de la plus
haute importance. Il était attentif à chaque détail esthétique de la maison, du
choix de la vaisselle et des accessoires. L’atmosphère devait être
particulièrement paisible pour les invités choisis.
Une
image utilisée par les pratiquants de la cérémonie du thé était que « le reste
du thé au fond du bol était comme la flaque d’eau restant au creux du rocher
après la pluie». On peut ainsi sentir la relation profonde qui existe entre la
terre, le bol et le minéral qui le recouvre....
Tandis
que se développait cette philosophie, les japonais abandonnèrent les bols
chinois qu’ils utilisaient depuis de siècles pour la poterie des potiers
coréens. Peu à peu, les techniques se modifièrent pour répondre aux exigences
et aux idéaux de cette nouvelle forme de cérémonie du thé.
Jusqu’à une époque très récente, le « Raku » était utilisé au Japon uniquement
pour la fabrication de bols réservés à ce rituel. Ils avaient tellement de
valeur que les dictateurs militaires au Japon les décernaient comme distinction
honorifique.
Pratiquer
le «Raku» est comme un voyage dont on ne peut soupçonner les découvertes et les
escales imprévues. C’est aussi partir à la recherche de sa propre sensibilité,
d’une intimité intérieure à découvrir. De nos jours, notre objectif, en
travaillant à la façon de ces potiers japonais n’est pas de les imiter, mais
c’est la conquête de la plénitude, du silence et du secret.